Parfois il prend envie de rompre avec la lâcheté qui se dépense dans le mariage. Antoine Morgensturm tue sa femme dont le charme lui semble un peu effacé. Depuis longtemps, il guettait l’occasion de rendre un culte particulier à la liberté. Sans reprendre souffle et pour faire échec à toute velléité d’expiation, Morgensturm vend aux Soviétiques puis aux Chinois des secrets militaires. Il est en effet un employé modeste du Centre pour l’Armement, entreprise d’État qui se fait du bien des conflits locaux allumant la planète. Pour Antoine Morgensturm, soudain indocile, crime et trahison sont un aboutissement. Voilà un homme qui ne se sent plus obligé d’être sympathique. C’est sa petite fierté. Qu’y a-t-il pour son plaisir ? La brûlure de certains regards féminins, la littérature, quelques gamineries parfois assassines, l’inconduite si elle est souveraine. Morgensturm a la religion de la paresse. «Vous êtes un monstre» est le meilleur compliment qu’on puisse lui faire.

« On ne saurait rêver humour plus dévastateur que celui qui imprègne les pages de Séparation de corps ». Jean Chalon, Le Figaro.